Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Hector et Célestine
22 juin 2014

Instants d'Egoïsme

 

Je profite de ce temps, où je ne peux tricoter ou coudre ( c'est un véritable supplice et une source de frustation intense.)  pour lire, et pour écrire aussi. 

Il y a un petit moment que je réfléchissais au sujet. Cette mise au repos forcée de mon bras droit ( j'ai de fortes contusions et une distention ligamentaire suite à une chute dans les escaliers...) me pousse à passer à l'acte ! 

De nombreuses fois,depuis que je tiens ce blog, on m'a " passé " une commande, ou demandé si je pouvais coudre : une robe, un chemisier, une jupe. Si je pouvais faire les ourlets, les réparations, tricoter les chaussettes en laine pour la chasse. 

J'ai essayé en quelques points d'analyser pourquoi je n'aimais pas ça, vraiment pas ça, et pourquoi maintenant, je refusais. 

narcisse

1. Coudre ou tricoter est pour moi, avant tout, un plaisir, une source de plaisirs. 

 Bien que, au regard de la conjecture actuelle de la mode et des filles des magasines ( 1m 70, longiligne, 85 B) et ma morphologie à moi ( 1m53, hanches ++, taille normale,  90 D) je sois bien contente que ce plaisir m'évite de sortir toute nue dans la rue, je fais pour le plaisir, pas pour " me faire mes fringues".

J'aime la sensation de la laine qui glisse entre les doigts, j'aime le cliquetis des aiguilles en métal, le bruit plus sourd de celles en bambou, j'aime aussi aperçevoir la pelote se dévider.  J'aime la différence des matières : de l'alpaga à la mohair en passant par le coton ou le bambou. Je vais je pense, me tricoter un pull en lin, moi qui faisait de la résistance jusque là. Un fil rèche et solide.  Le coton est doux et solide, l'alpaga doux et fragile. C'est en permanence un véritable moment de plaisir aussi physique le tricot. Avec le toucher des matières. 

C'est aussi un veritable moment de lacher prise, ou je savoure le plaisir de la détente intellectuelle, et celle de mon corps aussi. Tricoter relaxe. On oublie les soucis quotidiens, le temps de quelques rangs en se concentrant sur un diagramme ou la réalisation des diminutions de l'emmanchure. J'essaye, dès que je peux de me mettre dans ma position préférée pour ce loisir. En tailleur sur mon canapé, le dos bien droit, les avant bras sur les cuisses. Avec ma playlist deezer favorite ou "un film pour Charlotte", c'est jouissif.  

Pour la couture c'est un peu pareil, en différent ;). J'aime passer de longues heures à choisir un tissu ( pour au final ressortir avec un tissu en coton à fleurs mais cela est un autre débat !) , les regarder, les toucher. Discuter avec les vendeuses de la boutique le choix du dit tissu. J'aime le sortir de la machine à laver, l'étendre, sentir ensuite l'odeur du linge fraichement lavé dessus. J'aime même le repasser ensuite ( un comble ! Moi qui ne repasse pas les vêtements ou presque !), avant de passer à la coupe. Toutes ces étapes préliminaires à la confection, sont aussi très savoureuses. 

J'aime voir les morceaux du vêtement se dessiner sous les coups des ciseaux, j'aime prendre le temps d'épingler soigneusement le tissu endroit contre endroit avant chaque couture avec mes épingles : longues, fines et colorées, idéales pour tous les tissus, même les plus fragiles ou les plus fins. J'aime le bruit de ma machine à coudre, le soir seule dans ma chambre mêlé à la voix de Regianni ou de Rose défilant sur mon iphone. J'aime poser et regarder parfois pendant de longues minutes les boutons sur le vêtement encore inachevé avant d'aller me coucher.  ( en général l'Homme débarque à ce moment là, et me somme d'un " mais tu as bugué ? " )

Tous ces plaisirs découlent d'un choix. J'ai choisi le vêtement que je voulais faire, la matière et la forme, la couleur des boutons. Personne ne m'a imposé un modèle ni choisi à ma place. Et tous ces plaisirs simples, décrits plus haut, se perdent lorsqu'il s'agit d'une commande.  Je suis surement d'une mauvaise foi sans nom mais le tissu imposé ne sent plus le linge frais en sortant de la machine ! Je ne vous parle pas du reste, je suis capable de trouver l'alpaga noir moche, alors que c'est le même que le bleu que je viens juste de tricoter pour moi ! Je ne prends pas de plaisir à faire un vêtement sur commande. Je ne peux toujours pas m expliquer pourquoi tous ces plaisirs disparaissent alors, mais je crois que je n'ai plus envie de me l'expliquer. Mais si je ne devais garder qu'une raison pour expliquer pourquoi je ne fais pas pour les autres, je garderai sans hésitation celle ci : 

La couture et le tricot, c'est comme faire l'amour, tous les aspects techniques peuvent être au rendez vous, sur commande ou imposé, il n'y a plus de plaisir, de tendresse et de sensualité :  c'est râté ! 

trousse-couture-

2. Coudre ou tricoter, c'est un loisir, pas un travail, alors je n'ai pas envie le soir ou pendant mon temps libre d'avoir l'impression de travailler ( même si j'adore travailler hein ! j'aime bien aussi faire autre chose ! ) 

3. Quand on coud et on tricote pour soi, l'exigence est haute, mais cela reste un loisir, on tolère les défauts. Je pense que je suis assez perfectionniste, et de plus en plus d'ailleurs sur les détails. Je prends vraiment le temps de soigner chaque étape. Rien de pire qu'au moment de faire les boutonnières de réaliser un gros décalage sur le montage d'un col parce que j'ai pas pris le temps de bâtir. Malgré le temps et le soin apportés aux réalisations, ce n'est pas du professionnel. Il y a toujours des petits défauts : le tissu qui plisse un peu à l'extrémité d'une fermeture éclair ou une boutonnière trop " dure". Et autant pour soi, ou ses enfants, c'est pas bien grave, autant si je devais faire pour quelqu'un je ne supporterai pas ces petits défauts. Et je n'ai pas envie de les supporter, ou de passer 10h à les corriger. 

4. Coudre et tricoter ça prend du temps. Je peux largement passer une centaine d'heures sur un gilet à torsades comme celui que je suis en train de me faire actuellement. Ou 3 semaines sur la confection de mon manteau d'hiver. Si je prenais des commandes, je ne ferais presque plus rien pour moi, et risquerais alors de sortir toute nue dans la rue... je vous laisse le soin d'imaginer les dégâts qui s'en suivraient :) 

tricot-en-cours-

5. Faire les ourlets et les réparations c'est tellement pénible  que je mets déjà 1 an parfois à faire les miens et ceux de mon compagnon et mes enfants, donc je n'imagine pas quel temps je serai capable de laisser passer pour faire ceux des autres... 

6. Coudre ou tricoter quelquechose que j'ai choisi, c'est parfois difficile à terminer pour moi... Je tombe amoureuse d'un nouveau tissu, un nouveau patron, modèle et j'ai une envie irressitible de me jetter à corps perdu dans cette nouvelle aventure... !  Parce que je suis comme ça, dans la vie aussi en général. Bon, je finis toujours par teminer mais parfois dans la douleur ( restant relative hein, c'est du loisir) et en traînant en longueur. Je peux vous assurer que " les commandes" elles, par contre,  ne seront jamais terminées. Le pull commandé par ma soeur il y a 4 ans, est toujours sur mes aiguilles, je n'en suis pas spécialement fière mais bizarrement je n'ai plus honte de le dire ou l'écrire. 

 

Par contre, j'adore tricoter en groupe, ( non, ne faites pas de parrallèles cette fois-ci avec l'amour, la comparaison n'est pas toujours juste ! ), il va falloir que j'essaye bientôt, le café tricot, ou proposer à mes copines de se faire des aprems tricots-thé ! 

J'aime aussi coudre à deux, et j'adore transmettre ce que j'ai appris. Durant mes vacances de filles chez Claire, j'ai adoré lui montrer chaque étape pour faire une robe et aussi la torturer en lui faisant tout bâtir pour que ce soit presque parfait ! :) 

Donc même si je refuse de te coudre ton chemisier ou ta robe ( je parle pour toi soeur, copine, amie, inconnue de la boutique ou de la rue) , ou tes ourlets ( frère, parrain de mon fils, Homme de ma vie, copain de homme de ma vie, copain à moi, ami à moi)  je suis toute prête à t'accueillir dans mon salon ou ailleurs avec ta machine ou tes aiguilles pour une petite session de plaisirs et connaissances partagés ! 

signature

 

 

 

 

 


Publicité
Publicité
Commentaires
L
C'est avec plaisir que je découvre ton blog et ce que tu décris est tellement vrai... J'ai des commandes promis (pour faire plaisir) et même pas commencé qui ont plus de 5 ans.... No comment :s
F
Hello, c'est marrant parce que j'ai vraiment l'impression de m'entendre ! même plus honte maintenant de dire non, ce que je n'arrivais pas à faire il y a encore un an !<br /> <br /> le pull maintes fois promis à mon chéri est sur des aiguilles depuis au moins cinq ans et va être détricoté un jour ! il m'en veut à mort !lol!<br /> <br /> il ressort ça régulièrement à tout le monde, elle ne tient pas ses promesses...Les copines qui me disent, oh elle est top ta jupe, avant je faisais, la mort dans l'âme parce que ça me gonflais tellement...Je finissais par donner la mienne !lol!<br /> <br /> je me reconnais pleinement dans tout ce que tu ressens et j'applaudies des deux mains ! j'ai 48 ans et je n'ais plus envie de ne pas juste faire...par plaisir du contact avec la belle matière.J'adore tout ce que tu dis, se noyer dans les matières, laine, tissus, rubans,créer et être addict ! des heures à crocheter si bien que je me fais mal, tendinites mais on ne peut plus s'arrêter ! bravo pour ton article, j'apprécie.Bises
C
je suis comme toi très très souvent mais il m'arrive d'accepter de coudre pour une copine, si je sens bien le sujet :-) par contre, je refuse les retouches, je déteste ça alors pas questions de le faire pour les autres !!
Hector et Célestine
Publicité
Newsletter
Archives
Publicité