"Bloody Poppies"
Cal , Epine, et Aiguillon
Blessures de vie,
Les vraies, les nobles,
Risquées au fleuret du combat
Pour donner vie, ou garder la liberté !
Celles où le corps saigne,
Où vous n’avez pas honte,
Où vous acceptez les soins,
Lambeaux cousus par les chirurgiens,
Pansées par les pansements et les mains de l’infirmière
La peau intérieure jaillit, rosée,
La guérison s’exhibe,
Cicatrices souvenirs.
Et puis il y a les blessures secrètes
Perfides,
Les blessures volées,
(Presque) inattendues,
Violentes et douces,
Celles émanant de votre cœur plein,
De votre cœur gonflé
Dont le bonheur éclatant et rosé,
Se poudraient parfois vos joues,
Et dont fleurissaient délicatement vos étoffes.
Un coup de canif,
Une sombre nuit sans lune
Ou un jour sans soleil, dans blancheur grise insolente,
Une attaque viendra le percer sans prendre la peine de le découdre
Vite
Qui est ce ?
Un voleur
Un lâche
Par un tout petit trou
Une fenêtre sur cour,
La fenêtre de l’ordinateur gâchant votre écran,
Il est entré.
Le sang peine alors à gicler
S’emmêlant dans les fleurs fanées,
Il s’écoule lentement, goutte à goutte, concentré de votre amour
Comme les larmes diluent l’encre de vos yeux sur la feuille de papier,
Il vient se diluer et teindre, carmin, petit à petit votre intérieur
Des fils raides surgissent,
Secs et cassants,
Le noir se chaine et s’enchaine sauvage,
A toute allure,
Le métier tisse,
Sans s’arrêter.
Droite et raidie,
Vous tendez et tentez implacable l’arrêt.
Impossible.
Impossible.
Il va falloir aussi tramer
Tramer le sang, puisque c’est tout ce qu’il vous reste.
Ne pas rester là,
A le regarder cailler,
Se noircir aussi,
Rouiller, vous polir, vous vieillir et s’associer aux chaînes
Il faut alors guérir, ces blessures là, sans les panser
Mais en pensant,
En pensant sans cesse,
Obstinément,
Aux souvenirs
A l’amour reçu
Le chercher, l’extraire comme les globules rouges au cœur de chaque goutte,
Et vous le transfuser
Il faut vous piquer,
Enfoncer l’aiguille
Préalablement,
Percer le coutil épais,
L’écarter,
Reconstruire l’armure dorénavant battue et rabattue.
Les donneurs sont en vous,
Mais vous tendez les bras
Vous passez vos doigts à travers la mousseline de leur corps
Leur amour et leur bienveillance sont dans votre sang
Vous tramez, rouge carmin ces petites gouttes soyeuses !
Elles s’associent se piquent et se surpiquent, pressées, régulières, victorieuses sur les chaines !
Attention !
A vif,
Elles moirent les passions !
Oubliée la douceur vitale de l’intérieur
Vous jetez un œil dehors
Mais c’est déjà le printemps ?
Enfiler ses bottes secrètes
Et courir dans le jardin
Retrouver les roses de Damas,
Que vous aviez oubliées
Les petits mouchoirs du Davidia,
Les pavots et les coquelicots,
Les soucis du jardin,
L’odeur de la pluie revigorante.
Prendre le temps de les cueillir du bout des yeux,
Ne pas les abîmer,
Les déposer doucement,
Sur cette batiste,
Les regarder s’étaler liberty,
Et puis,
Mais déjà,
Point par point, invisibles et à petits doigts à la main,
Allez les coudre tendrement,
Patiemment,
En souriant
Comme chaque goutte de sang a teinté votre chair,
La cicatrice,
Fleurie,
Elle, se fera délicate,
Et petites fleurs rouges,
Libres et légères
Construisent la doublure !
Restent quelques tournures de métal vieilli,
Qui pensaient fermer votre cœur,
Stupidité !
Ils serviront dorénavant à l’ouvrir !
Le voilà corps!
Comme ceux, retrouvés, des donneurs de fleurs !
Vous les sentez ! Odorants !
Leurs mains,
Se posent,
Sur votre taille
Et leurs lèvres sur vos épaules
Et patiemment,
Agilement,
A travers les petits œillets dorés de l’amitié
Ils lacent,
Et resserrent les liens de votre corset !
Charlotte
Corset " Rouge", patronnage Claire Brandin
Soie sauvage rouge carmin " Ma petite Mercerie", (fil de chaine noir, trame rouge )
Coutil beige "Alysse Créations"
Coutures rabattues
Surpiqûres rouges et pose du Busc bronze antique ( Alysse Création)
Davidia, en " bractées" , Jardin botanique de l'université de Strasbourg, 4 mai 2015
Papavéracées, Jardin Botanique de Strasbourg, 18 mai 2015
Ballerines vernies noires Clarks
Rosier de Damas et ses aiguillons, Jardin Botanique de L'Université de Strasbourg, 18 mai 2015
Doublure et insert poitrine coté gauche, tissu et biais Liberty Claire-Aude rouge pour La Droguerie
Queue de rat "rouge sang" et Oeillets dorés Prym de la mercerie "du bain aux plantes"
Cocktail de clôture atelier Show-room de Claire Brandin , 29 mai 2015
Photos " in situ" de Claire Brandin et Solange Mullot
*Aiguillon : piquant d’origine épidermique (écorce), que l’on pourrait facilement détacher, contrairement aux épines et qui laisse alors une cicatrice. Les ronces et les rosiers possèdent des aiguillons et non des épines. Le terme épine est alors un abus de language.
*Epine : organe piquant généralement vascularisé, résultant de la spécialisation d'un organe par exemple une feuille. On parle d'épines chez les Cactus ou chez le Robinier faux-acacia.
*Cal : En botanique, tissu de cicatrisation qui se forme en réaction à une blessure.