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Hector et Célestine

23 juin 2016

L'île est tout au bout du chemin...

Ce sont des amies, presque des douces habitudes les marinières de l'attente

Elles se tricotent pour moi comme se serrent les doigts des menottes sur le mouchoir des filles qui attendent leur marin. 

J'attendais. 

L'attente de ce mois de Février me rappelait une soirée du même mois, quelques dizaines d'années plus tôt,  dans les rues humides de Poitiers. Une soirée où nous avions oublié nos vestes, où mon pull écru tout doux avec un empiècement en dentelle se mêlait aux rayures de sa masculine marinière. 

J'attendais que le gardien du phare allume la lumière. 

J'ai repris de la laine oubliée dans mon panier, je suis allée chercher le complément dans l'antre de tous mes vices ( nommée la Droguerie)  et j'ai dégainé les soirs où je ne tirais pas à l'épée; mes aiguilles. 

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Marinière de l'attente 

D'après le modèle d'Hélène Magnusson, Fimmvörðurháls

Modifications personnelles 

Duvet d'anjou " Crème Fraiche" et " Vitelotte en purée" , Plumette écru et océan, Voilette " Bulles de Champagne" pour l'empiècement et les poignets 

La Droguerie 

Aig 4,5 et 5 

J'ai réassocié l'image de ces pulls-overs mêlés, entrelacés qui marchaient des étoiles dans les yeux. Ces bouts de laines qui s'aimaient et qui filaient dans les rues de Poitiers de la " Goule" * à la rue Saint Denis, en passant par la rue Emile Faguet. 

Une marinière de ma caboche est née. Un pull de filles, à porter sur mon short à festons pour sortir  boire des bières  ou sur un jean en anim' dans la vraie vie.  

J'attendais. 

Pas le marin inspirateur qu'on attend plus, et qui depuis 7 ans déjà avait pris la mer infinie et noire, celle dont on ne revient pas.

En lui faisant un clin d'oeil à travers les étoiles, j'ai ajouté un fil brillant, comme l'étoile filante qu'il était,  dans l'empiècement et dans les bords côtes des manches. 

J'attendais et dorénavant je tricotais en souriant, essayant de garder le cap de bonne confiance. 

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Le pull monte bien, tricoté en 5 pour le corps et 4,5 pour l'empiècement et les bords côtes. Les montages " bonneteries" donne la tenue, et cela turlipine un brin le "neurone tricot " comme le motif de la dentelle très plaisant à réaliser. 

Un matin, mon casque vissé sur mes oreilles dans le tramway, j'ai aperçu au loin le phare et son gardien, me faire un sourire. Et j'ai souris de toutes mes dents. 

Je n'ai plus attendu. 

J'ai troqué ma chemise à carreaux contre la marinière fraichement détachée de mes aiguilles, mes bottes contre mes boots à étoiles cloutées( presque filantes) , et mon épée contre un sac à dos. 

J'ai laissé tous mes doutes, mes maux et mes mots sur le quai et en sortant d'anim', un vendredi soir,  je suis montée dans un train direction la mer. 

J'ai fait escale à Poitiers... au pays de ma dame bébé préférée et au pays où je suis née. 

J'ai retraversé la rue Emile Faguet, la rue Saint Denis pour retrouver un jardin aux plantes et des souvenirs. Intacts et joyeux. Le temps qui passe ne garde que les clins d'oeil des étoiles filantes dans un coin du coeur et et laisse s'envoler les douleurs comme les papillons. 

Au loin... envolée la vieille corpo démollie et la jachère de la vie, bonjour les travaux... et le renouveau, en ce printemps,  de la chanson de la Vie. 

L'escale douce terminée, j'ai repris mon sac à dos et la route. Y'avait la fille d'une nouvelle chanson de Renaud qui m'imitait dans mes oreilles et c'était chouette. 

Poitiers-Nantes-Redon-Auray-Quiberon... J'ai croisé un autre jardin botanique, des chocolats chauds, L'histoire de Valentine* , des monsieurs et des croques-monsieur... 

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On the sea drive, au coin des zincs...

Avril 2016

 

Arrivée enfin sur l'île de Houat, la marinière sur le dos comme  on enfile ses plumes de canard* dans cette histoire, il n'y avait plus que des étoiles filantes et des plantes à observer, la pluie fine à  savourer... l'instant à vivre et la liberté.

Liberté et bonheurs d'être guérie de bien des maux, d'être arrivée sur l'ile attendue, espérée et de partager les embruns salés d'un rhum et bien de chouettes mots au coin du rade d'un resto*... Celui des copains. 

Charlotte 

 

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Le bout du chemin, Ile de Houat, 14 avril 2016 

* La " Goule" : Bête légendaire vivant dans le Clain de ma chère ville natale qui a donné son nom à un bar-boite tout aussi célèbre dans ce qui fut aussi ma ville d'étudiante. Désigne également en patois poitevin ou le visage ou la bouche. Illustré par l'exemple : " Va donc te débarbouiller la goule" ; " tape donc ta goule ! " 

* L'histoire de Valentine est l'histoire d'une fille qui vit en alsace, qui bosse avec les mômes, elle joue de la guitare, tricote, coud et lit de la poésie. Elle aime les roulottes, les chats, la nature, la confiture, et un mec "imprévu" qui débarque un soir d'orage dans sa vie.  Elle a été écrite par Agnès Ledig et on ne regrettera pas plus tard d'avoir dévoré ce bouquin ! 

* Houat se dit " Houad" en breton ce qui signifie " canard".

* "Mettre ses plumes de canard " : expression de mon entourage. S'imperméabiliser. Se protéger. Laisser les mots et les maux glisser... comme l'eau sur les plumes de canard... 

*  Le resto des copains :  Hotel- Restaurant des Iles sur l'Ile de Houat : http://www.restaurant-des-iles.fr

 

 

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12 mars 2016

Sur mes gardes !

Lorsque je tricotais le pull de " l'attente" les après-midi de canicule  j'ai beaucoup regardé " le coeur des hommes".

Le 1, le 2, le 3, je les aime tous. Daroussin, Marc Lavoine ou Darmon, ces hommes et leurs coeurs accompagnent très souvent mes soirées tricots. Je rigole, je m'attendris, je vibre, bref je vis.

Vu que c'était un peu la "jungle" intérieure en ce début d'été, je suis arrivée à cette petite question, initiée par Manu dans le tome 1 du fameux film : " qu'est que je ferais si j'étais moins c...?". ( Au lieu de me demander si" j'avalais ou si j'avalais pas"...) 

Revoyez ou voyez l'extrait, cela fait du bien ! 

Parmi toutes les réponses qui s'offraient à moi, je me suis dit que j'allais très sérieusement me rebouger la carcasse et me remettre au sport. Dès le lendemain je suis donc allée courir. J'ai souffert comme une bête en courant bien que cela m'ait quand même fait du bien. Je suis allée nager à la piscine, j'ai cogité au moins autant que l'ingénieur qui venait d'inventer le presse purée électrique et je me suis dit que certes l'eau détendait mais si c'était pour ne pas pouvoir faire " vraiment le vide", cela allait vite m'opresser. ( et me presser !) 

Nous sommes arrivés sur Noirmoutier. Un matin, en courant derrière "rien" sur la plage L'Idée m'est venue " et si je reprenais ( pour de vrai)  l'escrime?".

J'étais bien là sur la plage à courir, puis à me bacquer et nager dans l'océan... mais( malheureusement) je ne pourrais pas ramener l'Atlantique en Alsace... et ces petites activités sportives très agréables en vacances, je le sentais allaient se révéler d'une pénibilité sans nom si je les prenais au sérieux dans ma vraie vie alsacienne. 

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Ni une, ni deux, le soir grimpée sur une chaise pour capter du réseau, je suis allée sur le blog du cercle d'escrime le plus proche de chez moi et j'ai envoyé un mail pour prendre des infos à la secrétaire du club. Deux semaines après l'affaire était réglée et un vendredi ( pourtant si triste...  Martin <3) de septembre j'ai débarqué dans ce gymnase militaire. Ouais vous lisez bien : un gymnase militaire. Heureusement le dit gymnase est complètement déglingué, mi salle de muscu, mi piste d'escrime, mi salle polyvalente, sans vestiaire et tout le monde se change ensemble sur un coin de rameur. Je fus donc tout de suite rassurée : cela ressemblait bien à mon " bordel sympathique " habituel ( et n'avait rien de la rigueur d'un militaire et de sa tringle à rideaux) et les rires en émanant m'ont tout de suite confirmé cela. 

J'ai pris " ma première leçon" avec prudence mais confiance... il fallait bien de toute façon, j'avais promis à moi- même : " si tu veux être moins bête tu te bouges et tu fais du sport ! " 

J'avais confiance parce que je savais que l'escrime et moi ce serait le début d'une vraie histoire de grandes. Ben oui, j'avais passé l'âge de révasser devant les mousquetaires de Paul Féval , Alexandre Dumas, des films de cape et d'épée et les chevaliers sauvant les dames en corset. Maintenant, c'était moi la dame ( en plus j'ai des corsets hey hey) à l'épée et la mousquetaire d'Artagnan et il fallait que j'assume.. d'être grande. 

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Comme un mousquetaire , Chemisier lavallière de Août 2009 ( Collection " à l'heure anglaise")

Taille 38

Liberty " Florence" pour cousette 

Souvent quand on prend une décision qui apporte autant de bonheurs, on se trouve un peu "bête" de ne pas y avoir pensé avant... mais bon, c'est comme ça.

 Dorénavant chaque mardi et vendredi soir mon vocabulaire ressemble à celui-ci : garde, sixte, octave, battez seconde, battez quarte, saluez vous, allez, marchez, rompez, marchez, allonger le bras, fendez-vous, touchez  ! 

Les consignes à la leçon avec le maître d'armes  sont les suivantes " Charlotte, ta garde en sixte tu dois la sentir là... là , rentre ton coude, ta pointe vers moi, pourquoi tu te précipites? " Zen, fluide, monte pas ton épaule" , " ton bras il s'allonge tout seul tu sais ". 

Et les propositions des mousquetaires  Rodolphe, Mathieu, Julien, Joseph et tous les autres  lors des récréations " assautiques" sont les suivantes : " Charlotte, tu tires? " Avouez quand même que quand on vous parle comme ça un vendredi soir à nuit tombée comment résister au coeur de ces hommes-mousquetaires?! Et ne pas dire tout timidement au début mais avec une vraie envie " oui..." puis " oui !" 

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Comme un mousquetaire , Short Chataigne Deer and Doe, version festons 

Taille 40 

Garbadine marine " peau de pêche" pour Cousette 

Photos floues de Clémentine ( un jour je prendrais le temps de m'acheter un pied et un vrai appareil...) 

Et lorsque, à chaque " petite" touche,  la lumière s'allume de mon côté, toute seule pendu à mon fil, je sens que je suis en train de gagner le combat et que même s'il faut que je tienne " ma garde" , j'ai le droit de me réjouir et de sauter au plafond comme un marsupilami ! 

A bientôt... pour le prochain saut : en escrime on nomme cela " la flèche"... Est ce que ce sera le vrai envol et je réussirai alors à la mettre en plein coeur ? 

Charlotte 

2 janvier 2016

Un petit coin de paradis

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J’écoute ses chansonnettes le matin dans le tramway, en cuisinant ou enmmitouflée dans ma couverture flocons en tricotant.

J’aime cet homme. Trapu, bourru, tendre, à la verbe argotique drôle. J’aime le velours et le vieux pull dont dépasse un col à carreaux. J'aime sa fantaisie, sa singularité et ses jeux de mots. 

Il me rappelle parfois un autre Georges : mon papi Jojo qui avait en plus du même prénom, aussi cette malicieuse bonhomie.

Il suscite parfois des pensées plus féminines, plus amoureuses.

J’aime sa poésie et sa description de l’instant. J’aime ses histoires d’amour faites de quelques heures.

J’aime ces voyages solitaires, mon casque vissé sur les oreilles où nous nous retrouvons lui et quelques bouts de ma vie, sous la pluie, sous son parapluie-paradis en chantonnant. 

Un soir d’automne, j'avais rendez-vous avec le mec et quelques intimités de mon cœur. Celles de la petite fille, la " bleue" que j’étais sautant sous les genoux de mon grand père ou de celles de la femme que je suis devenue au fil des histoires vécues, imaginées ou racontées. 

Informée juste à temps par un ami de la diffusion de l’émission consacrée à Tonton Brassens, je me réjouissais.

Dans le train du matin (quand je vous disais que toutes les histoires débutent dans le train, et que bien plus qu’un mode de transport, c’est pour moi de précieux moments de ma vie…) je revoyais une photo de Brassens sur la plage, dans un gros gilet en laine. Je pensais aussi à la bleue, aux bleus et au bleu.J’écoutais une de mes chansons pref’ de pref’ du bonhomme qui conte les frayeurs bien intentionnées de sa voisine. La dame,  esseulée et effrayée par l’orage, vient un soir frapper à sa porte.S’en suit alors et on s'en délecte  une nuit unique, sincère, tendre et mutine au creux des bras forts du goupil.

La superposition des images et des mots dans ma caboche m’inspirait un gros gilet bleu orage et féminin.

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Il fallait ensuite trouver les patrons et fils qui subviendraient aux besoins du tendre délit inspirant.

L’attente ne fut pas trop longue.

Fidèle à mes habitudes, je suis allée quérir 500 g de laine bleue dans l’antre de la Droguerie où habitent mes copines. 

D’une petite promenade récente chez de Rerum Natura j’avais rapporté et accroché sur mon tableau «  inspiration tricot » ce modèle de gilet mixant féminité et rusticité. Un mélange de torsades, points ajourées et finitions larges côtelées.

 J’ai, en ce soir d'automne,  expédiée la marmaille au plumard et je me suis installée sur mon canap fleurie, le butin au bout des aiguilles et de mes doigts. Gardant les yeux tantôt rivés sur le "guide âne" tantôt sur la vie défilant du tonton Georges à travers l'écran de télévision, je me suis mise à l'ouvrage. 

Bien sûr, il a fallu plusieurs rendez-vous au fil des mois sur le canapé fleuri pour confectionner le précieux lainage. Réconfortant, excitant, apaisant, j'ai aimé toujours retrouver la laine douce mais sèche et les technicités du modèle. 

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Gilet Monte Rosa de Rerum Natura

Taille S 

Surnaturelle bleu de Prusse et Indigo

Boutons cuirs

Le tout, La Droguerie

 

Techniquement la construction de ce gilet est très plaisante.

Il se tricote en un seul morceau en commençant par l'encolure. Vient ensuite l'empiècement puis le corps. Les manches sont tricotées en rond. Le tricot se termine par la réalisation des bandes cotelées du col et des pattes de boutonnage. Les torsades et les côtes du motif apportent le rustique, les jours la féminité. Le point mousse permet de se reposer et se laisser aller à la douceur de ce point complètement régressif. 

Je développe petit à petit une certaine allergie aux tricots construits "à la française"… Tricoter deux carrées en jersey et y joindre deux rectangles pour les manches m’ennuie profondément.

J’aime, à ma plus grande surprise, laisser des mailles en attente, les reprendre, les tricoter en rond… J’aime les détails de ces finitions compliquées. Les montages bonneteries et les motifs sur 37 mailles et une dizaine de rangs s’alternant avec la simplicité et la douceur du point mousse.

Cette qualité de surnaturelle et cette couleur, qui m’ont touchée en plein cœur il y a bien longtemps sont toujours très agréables pour les mirettes et le bout des doigts.

 J’ai tricoté la taille S. Je le voulais assez près du corps pour être chauffant.

J’ai aussi raccourci la longueur de 7 cm pour correpondre à mon m 50…

 Je le porte souvent avec cette jupe tulipe en laine réalisée dans les chutes d’une veste en devenir… Cousue en un après-midi elle fut aussi rapide à coudre qu’efficace à porter.

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Jupe tulipe d'un vieux burda ( 2011?) ... taille 38 

Lainage bleu-gris rapporté d'un boui-boui de la rue d'Orcel lors de ma dernière virée parisienne

Wellies noires Aigle 

 

Reste une fois l’ouvrage terminé, le bonheur de se serrer les jours de froid dans la chaleur de son gilet près de la fenêtre du train . Des instants rustiques et doux qui,  comme une chanson de Brassens, sont un petit coin de paradis et ajoutent la petite étincelle à la, déjà, si jolie vie ordinaire.

 

Charlotte

 

 

10 novembre 2015

St. Martin's day and Luckys

 

 

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Modèle " Lucky you" de Solenn Couix-Loarer, taille 2  

Laine bleue Cascade Yarns rapportée du passage du cerf lors de ma virée chez " Lil Weasel" à Paris 

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Modèle " Lucky you" de Solenn Couix-Loarer, taille 1 

Laine rouge Cascade Yarns  ( même provenance ) et voilette Reine D'Irlande pour la Droguerie

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Modèle " Lucky you" de Solenn Couix-Loarer, taille 3

 

Surnaturelle et plumette écru, voilette " Princesse le jour" de La Droguerie

Pompons gris et blanc LD

 

Pour ce soir, nous ne nous sommes pas débarassés de nos ombres. 

"Est ce que nous pouvons à un moment donné nous en débarasser ? " 

Cette petite question philosophique posée et initiée par Clémentine un matin bien triste,  habite depuis certaines de nos discussions au sein de la maisonnette. 

Ce soir, "luckysement" nous avons vissé nos bonnets sur nos têtes. Plus pour le plaisir que pour le froid. Et en allumant nos lanternes et en allant se rassembler avec les copains sur la place de l'hôtel de ville, à l'image des menottes qui s'agitent à travers le velux vers les étoiles tous les soirs, nos pensées étaient spécialement pour un petit garçon.  

Lucky childrens,  

Lucky Louis, 

Lucky Clem', 

Lucky me, Lucky we. 

Ces bonnets à la fois torsadés et tout doux nous protégérons des premiers frimas

comme des grands froids,

en les tricotant, en les portant, en jouant avec le pompon tout doux,

Lucky nous. 

 

Charlotte, Louis et Clémentine... thinking to Martin and Martin's family

 

 

9 septembre 2015

L'attente

 

 

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Plage du moulin de la bosse, Ile de Noirmoutier, Août 2015 

 

Pour une fille d'ordinaire et de nature impatiente, cela inspire un sourire... mais le tricot est une excellente thérapie.

Cette passion me contraint, quasi quotidiennement, à faire preuve de cette vertue nommée Patiente et me pousse, paradoxalement, à la sagesse de L'attente.

L'attente d'un rafraichissement. Nous sommes début juillet. Il règne dans toute la France une chaleur du diable. Je bosse en horaires décalées. Installée en pleine après-midi sur mon canapé bleu à fleurs, une citronnade sur la table, je sors alors mon butin : une pelote écrue et sa copine la bleue marine. Dans le tram climatisé qui me ramène du jardin, j'ai griffoné vite fait un croquis de marinière d'été. J'ai sauté du tramway à "Homme de Fer" et j'ai tracé à la Droguerie. Mes copines m'ont prise pour une dingue : par cette canicule, je dois être la seule cliente de la semaine à acheter du fil à tricoter.

L'attente d'une " réponse" face à un souci de la vraie vie. Toujours sur le même canapé par les après-midis caniculaires, je monte les mailles de la marinière qui prend vie ailleurs que sur un griffon d'un bout de ticket de carte bleue. Je les compte, les recompte et les compte encore. Comme dans la chanson de Rose qui défile dans mes oreilles. Comme les jours. Comme les clopes que je fume moins. Je compte, pas à rebours. Je regarde les mailles s'aligner joliment sur l'aiguille et entame, patiemment, le premier rang. Je me concentre sur ma respiration et je joue avec le fil de coton : cela me détend...et mes pensées s'apaisent.

L'attente des vacances. Mes copines-collègues y sont déjà. Dans le train, au réfectoire, ou calée dans mon fauteuil tard dans la soirée puis dans la nuit chaude de l'été devant le visionnage d'une série-téléfilm bien inavouable, j'enchaîne les rayures, les diminutions et les augmentations.   Six rangs d'écru, deux rangs de bleu marine. La marinière prend corps... et m'aide à attendre le moment prochain où sur le quai je sautillerai en pensant " it's holidays".

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Holidays

Marinière d'après le modèle " Port Blanc" MCI Juillet/Août 2015 pour La Droguerie

Réduction de la longueur dos, montage des raglans sans coutures, encolure resserrée

Fleur de coton Ecru et Marina et boutons corozo marine pour La Droguerie

Taille S , aiguilles 3,5 et 4  

Photo Clémentine 

L'attente de l'air marin. En Alsace, pas un brin de vent, hormis celui des ventilateurs que je croise de temps à autre. J'ai terminé le devant, le dos et les manches la nuit dernière profitant d'une insomnie devant la fameuse dite série toujours aussi inavouable. C'est la dernière semaine en Alsace, "it's holidays" pour de vrai et la semaine prochaine je serai quelque part à l'ouest le nez au vent. J'ai mis tous les morceaux du tricot sur une grande aiguille circulaire et j'entame les raglans façon " sans coutures". Je marque avec précision les repères... Je doute : l'ensemble me semble un brin " long" aussi bien au niveau de la " carure" qu'au niveau de la longueur de la " pelure"... Je pense à Anémone avec son tricot dans le  célèbre "Père Noël ..." et je ris. ( aux éclats). 

L'attente de la route vers l'Ouest. C'est l'Homme qui conduit le nouveau véhicule familial. Ils sont immenses tous les deux. J'ai une place de choix dans l'habitacle de l'un et l'autre habite mon coeur. Pour patienter sur la route et au péage au milieu de tous ces abrutis de parigots, je sors mon tricot. Je poursuis les raglans... Je souris lorsque mon mari me dit " au moins je suis certain que tu n'es pas enceinte... puisque tu tricotes dans la voiture sans avoir envie de vomir". En franchissant le pont de l'Ile de Noirmoutier, j'ai presque fini : il me reste l'encolure et les coutures.

L'attente de la porter in situ. Ca y est nous sommes au bord de la mer et dans la petite maison aux volets bleus et au charme désarmant. En rentrant de la plage ou du marché, je m'active...sur les coutures. La mine un peu déçue mais sans surprise je me confronte au non-résultat  :  mince, elle est évidemment bien trop longue, l'encolure est bien trop large ( je perds la marinière au niveau des épaules) et il manque encore quelques rayures au coeur de la poitrine pour que l'ensemble soit esthétique. Je défais ce que patiemment j'ai monté lors des 10h trajet. En doutant. Vais-je y arriver ? Cela ressemble de plus en plus à l'échec d'un pull tonneau plutôt qu'au doux rythme de croisière d'un jolie voilier...

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Ile de Noirmoutier, la petite maison aux volets bleus, L'Epine, Août 2015 

L'attente de se relever  et de relever les mailles en même temps que soi et de reprendre la barre. J'ai recommencé les raglans, simultanément rajouté les rayures au corps, détricoté le bas du devant et du dos, remonté toutes ces mailles. Je suis bien en forme et même l'annonce d'une détérioration météorologique sur la façade atlantique n'entamme ni mon moral, ni ma forme olympique retrouvée, ni ma détermination à en découdre avec ces coutures et rentrage de fil de rayures ! ( 60 fils à rentrer... quelle dingue !)

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Plage des dames, Ile de Noirmoutier, Août 2015 

L'attente des instants de bonheur. J'ai enfilé la marinière ! Elle tombe impec' ou presque. ( Nul n'est parfait...)  Les éléments au dehors sont déchainés. Je regarde par la fenêtre la pluie et le vent s'abattre sur le champ d'en face. Les garçons sont partis à Intermarché. Clémentine pour tromper l'ennui de ne pouvoir sortir joue avec mon téléphone à " prendre des photos".  Le soleil revient, nous sortons en famille. Le soir, je découvrirai ce cliché de la marinière réalisé par Clem' au milieu de ses selfies-grimaces et portraits de figurines.

 

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Par la pluie et le vent, photo by Clémentine à mon insu, Ile de Noirmoutier, Août 2015 

L'attente de l'inspiration nouvelle. La  fameuse marinière m'accompagne sur la plage de Noirmoutier lors de cette dernière balade en solitaire. Elles ( the both) m'en inspirent une autre.

L'attente de revoir la mer. Aujourd'hui, je LA porte et la nouvelle en devenir, en laine, plus chaude et de forme plus cintrée  court sur mes aiguilles. J'espère qu'au creux de l'hiver, chaudement amarée à mon corps, elle m'aidera à supporter le manque cruel et m'armera de patiente jusqu'au printemps !

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Plage du moulin de la bosse, Au revoir...  N.O, Août 2015  

 

Bonne rentrée,

Charlotte

 

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14 juillet 2015

La route vers l'Ouest

 

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Un matin de Juin, il pleuvait. 

J'étais contente, mieux j'étais heureuse. 

Je sentais l'odeur de la pluie en matant la tête des voyageurs puis des passants qui râlaient. Je trempais le bout de mes godasses dans les flaques d'eau en me planquant derrière l'arrêt de tram et je levais,dans l'instant d'après, le nez pour attraper les gouttes. En cachette. Ben oui, à 31 piges passées comment assumer cela ? Comment faire autrement aussi pour savourer ces plaisirs solitaires ?

Alors, je me suis serrée dans ma veste en jean car je caillais un peu quand même et j'ai traversé, comme chaque jour, le passage Anton de Bary pour aller bosser.

Je pensais à " l'Ouest". Je pensais à Guy. Je pensais aux araignées qu'il m'enmenait chercher en bac ou qu'il pêchait à la Pointe Saint Gildas et que nous dévorions ensuite accompagnées d'un "petit blanc".

 Dan ar Braz passait par hasard dans mes écouteurs ( je vous jure que c'est vrai ) et j'ai franchi la porte du jardin botanique sans écouter la fin de la chanson, frustrée. 

Comme d'habitude je suis arrivée dans le ref', j'ai attrapé ma tasse " Mickey" coincée sous toutes les autres et je me suis servie le précieux breuvage matinal en écoutant les délicieuses histoires de mes collègues. 

Mais j'étais complètement à l'Ouest. 

Et là prise d'un sentiment indescriptible j'ai décidé toute seule comme une grande dans ma petite tête, que le monde pouvait bien s'écrouler, j'allais " prendre" mon après-midi. Je leverai l'ancre brutalement. J'ai bien essayé deux minutes de me justifier intérieurement pour trouver une " bonne raison" mais à quoi bon? Il était 8h du matin, et j'avais envie de prendre mon aprem', un point c'est tout. 

J'aurai pu passer la matinée sctochée devant la fenêtre de la bibliothèque du jardin botanique à regarder les gouttes tomber, mais comme je suis parfois une fille sérieuse et qu'en plus le sujet me passionnait j'ai essayé de concevoir un support pour raconter  les plantes sculptées dans la Cathédrale de Strasbourg à des gamins de 4 ans. 

L'heure du déjeuner approchait. J'ai avalé ma gamelle en écoutant toujours les délicieuses histoires de mes collègues. 

J'ai déposé ma " feuille de récup" et j'ai repris le passage Anton de Bary en retrouvant mes chères flaques d'eau. Le coeur presque léger. 

J'ai attrapé le tramway et j'ai profité des 15 minutes pour m'imaginer un petit programme. Que je n'ai  pas suivi.  

Je suis montée dans le train trempée. Mon casque vissé sur les oreilles et le bleu au coeur je suis partie au bout du monde de Molsheim en m'inventant une histoire à rêver debout et en essayant de poursuivre les gouttes qui courraient sur la vitre du train. 

En sortant du cyclotron à gouttes ( communément appelé TER) , il ne pleuvait plus. La pluie est vraiment chouette, elle s'arrête. 

J'ai parcouru le chemin gare-maison en sautillant sur les pavés et en profitant de l'odeur de chien mouillé de mon blouson mêlée à celle des plantes sous l'humidité.

Je sortais quasi de table mais j'ai mis la bouilloire en marche et autour du thé fumant j'ai avalé une immense tranche de cake salé ( lardons/ pruneaux si vous voulez tout savoir) en lisant une histoire de Prévert qui causait d'escargots. 

J'avais dû évoquer ces bestioles au déjeuner avec mes collègues. 

Repue, je suis allée m'allonger et j'ai dormi une heure comme une marmotte. 

En me réveillant au milieu d'un charmant bestiaire de mollusques et de crustacés,  tu sais à la fameuse " the place between sleep and awake" , j'ai eu envie de coudre une robe bleue.  

J'ai quand même pris le temps, le temps que le fer  à repasser chauffait , de voyager dans mes souvenirs d'Organisation Animale ( OA pour les intimes) d'étudiante.

Je pensais aussi à mon prof' d'Ecologie de Rennes, Frédéric Ysnel, un arachnologue hors pair, qui nous avait enmenés à Beg Meil pour un fieldtrip d'écologie marine. J'aurais donné n'importe quoi, là tout de suite, même mon presse purée,  pour re-savourer le bonheur d'être sur une plage du Finistère en cherchant des siponcles et des couteaux sous son regard de " vieux" loup de mer. Il me soutenait, l'air de rien,  dans mes difficultés. Mais, et je l'en remercie, me secouait aussi les puces quand j'avais tendance à partir en sucette au quotidien... ou à préferer rêvasser et refaire le monde avec Erwan plutôt que d'analyser précisement la biologie de l'Estran.

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" La Bretagne" : La géologie, les milieux, la faune, la flore, les hommes, Ed. Delachaux et Niestlé, sous la direction de François de Beaulieu

" Biologie animale" : Invertébrés, Cours et QCM, Ed. Dunod, Maissiat, Baehr et Picaud ( le dernier étant aussi un prof que j'ai eu en L1 et L2...) 

" Pêche à pied en bord de mer" , Artémis Editions, Gérard Houdou et Pascal Durantel 

" Guide des curieux du bord de mer : 300 questions-réponses", Ed Delachaux et Niestlé, Vincent Albouy. 

 

Alors, j'ai refait un thé et j'ai parcouru les pages " Lobsters" and " Snackes" dans mes bouquins et réouvert mon Delachaux et Niestlé sur " La Bretagne"

Le fer était chaud, et même chaud bouillant, mon moment d'égarement breton lui ayant laissé largement le temps de monter en température. 

J'ai enfin sorti LA pêche. Reçu quelques jours plus tôt directement d'outre Antlantique. Un tissu aux fines rayures bleues brodé de petits homards rouges. 

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Seersucker " Lobsters Royal" and " Wales Turquoise"  brodés, Robert Kaufman, Fabrics.com 

 

 

Je les ai repassés avec soin et j'ai ensuite empoigné tout mon matériel de camping... euh de traçage pour dessiner à quelle sauce j'allais cuisiner ces bestioles venue de l'Ouest. ( Le grand Ouest, L'Amérique de fabrics.com) 

" Belladone" de Deer and Doe me semblait une bonne recette. 

 

 

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En Fredonnant la petite musique qui passait sur mon téléphone, j'ai légèrement modifié les proportions du dos pour arriver à un " noeud" "papillon ". ( pas marin ). J'ai ajouté une petite pincée de Butterick pour les emmanchures que je voulais " bretelles" et pas " couvrantes" et j'ai commencé à mettre les dits homards à revenir sous mes ciseaux de couturière. 

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Patrons " Belladone" Deer and Doe et B548 de Butterick, modifications personnelles.

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Finitions de l'ourlet bas, biais piqué de coton blanc de la "mercerie du bain aux plantes". 

( finitions emmanchures non photographiées, même biais mais "main" ) 

Robe entièrement doublée, voile de coton blanc de Toto Tissu . ( qui n'est d'ailleurs pas le meilleur coton de la terre mais peut largement faire l'affaire quand même... ) 

La cuisson à la machine à coudre puis le dernier coup de cuillère à la main ont pris plusieurs jours. Au son de Reggiani. Je reste dans mes classiques. Au son aussi des quelques vagues que j'avais à l'âme et du souffle du vent qui m'a conduit à La Droguerie pour confectionner ces boucles " Bonne pêche mon marinier". Je pensais au marin inventé de mon ciboulot . Celui constitué de plusieurs gueules : celles de mes "vieux schnocks" préférés mêlées à celles de Marius de Pagnol et du " pêcheur d'Islande. Je l'imaginais avec son tee-shirt bleu marine.  Alors je lui ai mis un petit beret et un pompon rouge assorti aux homards. Je lui ai rajouté sur l'autre oreille un chalutier et un poisson. Pour qu'il soit content de partir en mer et surtout qu'il ne revienne pas bredouille, plus triste et penaud qu'un menhir. 

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Boucles d'oreilles asymétriques " Bonne pêche mon marinier", création et réalisation perso.

Fournitures La Droguerie.

J'adore cette robe et ces boucles. 

Je les porte très ( très très ) souvent, et même si la mer est encore un peu loin à l'horizon quand je regarde les rayures, chaque fois que je glisse mes mains dans les poches, je me réjouis à l'idée de pouvoir y trouver d'ici quelques semaines des coquillages ramassés sur une plage de l'Ouest... 

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NB : En portant cette robe aujourd'hui, je fais aussi honneur à mon pays !  Certes un peu " décalée" niveau fête nationale mais bleu/blanc/rouge...quand même ! 

 

Charlotte  

 

 

31 mai 2015

"Bloody Poppies"

Cal , Epine, et Aiguillon

 

Blessures de vie,

Les vraies, les nobles,

Risquées au fleuret du combat

Pour donner vie, ou garder la liberté !

Celles où le corps saigne,

Où vous n’avez pas honte,

Où vous acceptez les soins,

Lambeaux cousus par les chirurgiens,

Pansées par les pansements  et les mains de l’infirmière

La peau intérieure jaillit, rosée,

La guérison s’exhibe,

Cicatrices souvenirs.

 

Et puis il y a les blessures secrètes

Perfides,

Les blessures volées,

(Presque) inattendues,

Violentes et douces,

Celles émanant de votre cœur plein,

De votre cœur gonflé

Dont le bonheur éclatant et rosé,

Se poudraient parfois vos joues,

Et dont fleurissaient délicatement vos étoffes.

 

 Un coup de canif,

Une sombre nuit sans lune

Ou un jour sans soleil, dans blancheur grise insolente,

Une attaque viendra le percer sans prendre la peine de le découdre

Vite

Qui est ce ?

Un voleur

Un lâche

Par un tout petit trou

Une fenêtre sur cour,

La fenêtre de l’ordinateur gâchant votre écran,

Il est entré.

 

Le sang peine alors à gicler

S’emmêlant dans les fleurs fanées,

 Il s’écoule lentement,  goutte à goutte, concentré de votre amour

Comme les larmes diluent l’encre de vos yeux sur la feuille de papier,

 Il vient se diluer et teindre, carmin, petit à petit votre intérieur

Des fils raides surgissent,

Secs et cassants,

Le noir se chaine et s’enchaine sauvage,

A toute allure,

Le métier tisse,

Sans s’arrêter.

Droite et raidie,

Vous tendez et tentez implacable l’arrêt.

Impossible.

Impossible.

Il va falloir aussi tramer

Tramer le sang, puisque c’est tout ce qu’il vous reste.

Ne pas rester là,

A le regarder cailler,

Se noircir aussi,

Rouiller, vous polir, vous vieillir et s’associer aux chaînes

Il faut alors guérir, ces blessures là, sans les panser

Mais en pensant,

En pensant sans cesse,

Obstinément,

Aux souvenirs

A l’amour reçu

Le chercher, l’extraire comme les globules rouges au cœur de chaque goutte,

Et vous le transfuser

Il faut vous piquer,

Enfoncer l’aiguille

Préalablement,

Percer le coutil épais,

L’écarter,

Reconstruire l’armure dorénavant battue et rabattue.

 Les donneurs sont en vous,

Mais vous tendez les bras

Vous passez vos doigts à travers la mousseline de leur corps

Leur amour et leur bienveillance sont dans votre sang

Vous tramez, rouge carmin ces petites gouttes soyeuses !

Elles s’associent se piquent et se surpiquent, pressées, régulières, victorieuses sur les chaines !

 

Attention !

A vif,

Elles moirent les passions !

 

Oubliée la douceur vitale de l’intérieur

Vous jetez un œil dehors

Mais c’est déjà le printemps ?

Enfiler ses bottes secrètes

Et courir dans le jardin

 

Retrouver les roses de Damas,

Que vous aviez oubliées

Les petits mouchoirs du Davidia,

Les pavots et les coquelicots,

Les soucis du jardin,

L’odeur de la pluie revigorante.

Prendre le temps de les cueillir du bout des yeux,

Ne pas les abîmer,

Les déposer doucement,

Sur cette batiste,

Les regarder s’étaler liberty,

Et puis,

Mais déjà,

Point par point, invisibles et à petits doigts à la main,

Allez les coudre tendrement,

Patiemment,

En souriant

Comme chaque goutte de sang a teinté votre chair,

La cicatrice,

Fleurie,

Elle, se fera délicate,

Et petites fleurs rouges,

Libres et légères

Construisent la doublure !

 

Restent quelques tournures de métal vieilli,

Qui pensaient fermer votre cœur,

Stupidité !

Ils serviront dorénavant à l’ouvrir !

 

Le voilà corps!

Comme ceux, retrouvés, des donneurs de fleurs !

Vous les sentez ! Odorants !

Leurs mains,

Se posent,

Sur votre taille

Et leurs lèvres sur vos épaules

Et patiemment,

Agilement,

A travers les petits œillets dorés de l’amitié

Ils lacent,

Et resserrent les liens de votre corset !

 

Charlotte 

 

vue entière

Corset " Rouge", patronnage Claire Brandin 

Soie sauvage rouge carmin " Ma petite Mercerie", (fil de chaine noir, trame rouge )

Coutil et coutures rabattues

Coutil beige  "Alysse Créations"

Coutures rabattues

Assemblage 3 épaisseurs

Busc vieilli

Surpiqûres rouges et pose du Busc bronze antique ( Alysse Création)

Arbre à mouchoirs

Davidia, en " bractées" , Jardin botanique de l'université de Strasbourg, 4 mai 2015 

Pavot

Pavot et ballerines

 

Papavéracées, Jardin Botanique de Strasbourg, 18 mai 2015 

Ballerines vernies noires Clarks

Rosier de Damas

Rosier de Damas et ses aiguillons,  Jardin Botanique de L'Université de Strasbourg, 18 mai 2015 

doublure liberty

Doublure et insert poitrine coté gauche,  tissu et biais Liberty Claire-Aude rouge pour La Droguerie

oeillets et lacage

Queue de rat "rouge sang" et Oeillets dorés Prym de la mercerie "du bain aux plantes"

 

soirée de cloture CB 3

soirée de cloture CB 4

soirée de cloture CB

 

Cocktail de clôture atelier Show-room de Claire Brandin , 29 mai 2015 

Photos " in situ" de Claire Brandin et Solange Mullot 

 

*Aiguillon : piquant d’origine épidermique (écorce), que l’on pourrait facilement détacher, contrairement aux épines et qui laisse alors une cicatrice. Les ronces et les rosiers possèdent des aiguillons et non des épines. Le terme épine est alors un abus de language. 

*Epine : organe piquant généralement vascularisé, résultant de la spécialisation d'un organe par exemple une feuille. On parle d'épines chez les Cactus ou chez le Robinier faux-acacia. 

 *Cal : En botanique, tissu de cicatrisation qui se forme en réaction à une blessure. 

 

 

 

3 mai 2015

Pour la vie

"Un grand oui pour toute la vie"  tels sont les mots que j'ai utilisés avant, pendant et toujours pour évoquer mon mariage avec l'Homme. 

Cet évènement valait bien que je mette mes envies, mes apprentissages et mon imagination au service des vêtements portés ce jour là. 

Je l'ai fait intensément, avec dépassement de soi même et un bonheur infini. 

Avec aussi des interrogations plus ou moins existentielles, après tout ce ne sont que des morceaux de chiffons, mais sans négliger leurs valeurs symboliques. Je souhaitais que cela soit " le mieux possible". Et, sans me mettre un orchestre dans la cuisine, je suis fière d'avoir réussi à réaliser ce que j'avais imaginé. 

Je vous ai déjà décrit dans un précédent article, le premier croquis de ma robe. Mais je vous l'ai décrit surtout d'un point de vue " corset" dont je vous racontais par la suite les différentes étapes de sa construction, qu'elle soit physique ou conceptuelle. 

Tout se tient... Lorsque j'ai eu enfin décidé que oui, j'étais prête et avais l'envie certaine de me marier avec L'homme de façon entière et absolue, je n'avais plus aucun frein à mettre notre histoire en symboles. Et nos vêtements en " histoire". 

Avec L'homme, tout a commencé un matin pluvieux d'automne à Brest. Après une soirée mémorable il rentrait à Strasbourg où je devais, par hasard, transiter. Il m'a dit " Et si on prenait le même train?". 

J'ai découvert les lueurs de la place Kléber et le charme de Strasbourg, par hasard en quelques minutes, à l'issue d'un long voyage mouvementé. Mais à partir de ce fameux voyage Brest-Strasbourg, j'ai toujours très envie d'y revenir, ici en Alsace. 

Je me souviens précisement d'un Rennes-Strasbourg fait sur un coup de tête un jour de décembre pour le rejoindre sans le prevenir. Il faisait froid. En arrivant j'ai quand même pris un verre de vin chaud en solo, pour me réchauffer et trouver le courage de l'appeller et de lui dire " Je suis place Kléber, je t'attends". 

Se marier en hiver, outre le plaisir de tricoter, me rappelait ce pan de notre histoire, dans le froid. Me rappelait aussi les hivers rudes et enneigés dans les Vosges où nous avons vécus entre difficultés et bonheurs intenses comme ceux de  voir notre fils grandir et sentir notre fille se developper à l'intérieur de mon corps. 

L'hiver, il était dans la date, et forcément dans les confections que j'ai réalisés. Il était là, brillant à travers le tulle pailleté comme les cristaux de neige. Brillant et doux à la fois, à travers la mohair légèrement pailletée de la voilette.Il était là aussi dans le gris qu'il nous déverse parfois. A travers le petit gilet de Louis et le costume de mon époux. Gris réhaussé par un petit bouquet de fleurs à la boutonnière ou la matière de l'Alpaga.  

Voilà, nous allons enfin débarquer de mes dérivations exitentiellement intimo-conceptuelles qui ont abouti à la création des vêtements que vous allez voir en images dans la suite de cet article ! 

Par où je commence ? Je vais peut être vous parler de la " fin" de ma robe et vous montrer des photos du corset aussi le jour J. Ce que je n'ai pas encore pris le temps de faire. 

 

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  Vin d'honneur

Corset " forme edwardien" , soie sauvage et tulle pailleté 

Coutil beige satiné pour l'armature 

Doublure en popeline de coton assortie 

Patron Claire Brandin 

Photo de Choucckette ( comme toutes celles de l'article sauf mention contraire) 

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Laçage par Lucie, ma témoin 

 

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Laçage par Lucie et ma maman, j'étais tout de même un brin énervée et pas cool à ce moment là... Il en fallait bien un, ce fut celui-ci ! 

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In situ! 

Ces photos vont me permettre de vous parler un peu plus du reste " de ma robe" cousue et tricotée main aussi ! 

J'ai réalisé le jupon ainsi que ma capeline. 

Pour le jupon ce ne fut pas une mince affaire ! Pour la capeline, ce fut juste de la douceur et du plaisir... 

Je cherchais pour la capeline, un modèle torsadé mais qui reste "doux" avec un brin de point mousse. J'avais repéré celui-ci sur Pinterest. Le modèle téléchargeable en ligne était gratuit. Autant dire, je n'ai pas hésité longtemps quant au modèle, et j'ai tout de suite imaginé la modification du col qui était trop " bateau". Pour la couleur, je pensais au départ me tricoter une capeline bleue... et au final mes amies, ma maman m'ont conseillé le total look " mariage en blanc". Elles ont eu raison. C'est beaucoup plus harmonieux comme cela. Sautillant en sortant du boulot un soir de novembre, je suis passée comme d'habitude à la Droguerie avec le précieux modèle imprimé. 

Hummm... Je suis ressortie avec mes deux cônes de voilette, mon alpaga et ma surnaturelle et dès le soir même j'ai commencé l'ouvrage. Je l'ai continué durant tout le mois de décembre. Il m'a accompagné lors d'après-midi sans fin où je veillais Clémentine qui avait une maudite otite, tricotant dans le fauteuil à bascule pendant que ma progéniture dormait fiévreuse. Il était là aussi au matin de Noël chez les parents de L'Homme quand après le déballage des cadeaux je me livre de façon douce et jouissive à une activité traditionnelle que je n'échangerai pour rien au monde : tricoter dans le fauteuil d'Yvonne, un thé à mes côtés et Sissi Impératrice à la télé. Je l'ai terminée dans la voiture lors du trajet vers Noirmoutier pour le nouvel an.

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Capeline à torsades

Laine Alpaga et Surnaturelle écru, voilette " Bulles de Champagne" le tout La Droguerie

Modèle " Shoulder Shrug" disponible ici 

Pour le jupon, je l'ai cousu quasi conjointement à tout cela et mon corset. Sa confection se faisait entre deux étapes du corset. Les débuts ne furent pas non plus simples. Initialement, je voulais réaliser juste " la jupe" en tulle pailleté et mousseline et acheter un jupon tout fait dans le commerce pour donner du gonflant. J'ai vite compris les limites de cela devant ma petite taille et le reste du projet. Il fallait que je conçoive un jupon pouvant s'intégrer sous le corset et confortable. Il fallait aussi que je rajoute une épaisseur de popeline entre l'armature du jupon et le tulle, sinon cela serait trop voyant. 

J'ai donc eu l'idée de cette jupe en forme trapèze composée d'un jupon avec cerceaux et trois superpositions : popeline écru, tulle pailleté et mousseline. Je me suis appuyée pour le traçage sur ce modèle rétro de Vogue. Le premier essai fut comment dire trop " princier" je ressemblais à Scarlett O'Hara, et c'était pas joli sur mon 1m50 et des poussières. De plus les baleines plastiques utilisées ne tenaient pas. 

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Essayage de la première armature ( et de la toile du corset) ... au milieu de ma chambre très rangée ! ( Photo perso)

J'ai donc réduit la voilure du jupon, cousu le biais ( 7 m quand même ! ) pour réaliser les coulisses pour les baleines aciers que j'ai commandées, et adapté les couches suivantes en rajoutant des cms sur les trapèzes des tissus supérieurs de façon proportionnelle. J'ai assemblé et ourlé le tulle et la mousseline entièrement à la surjeteuse. Et sans elle, cela aurait été je pense mission impossible. Le rendu est net et propre. C'est assez génial cette surjeteuse !  J'ai ensuite froncé tout ce petit monde à part ( je n'ai pas compté le nombre de m de fronces, je serais devenue dingue ! ) puis assemblé en un jupon grâce à une bande de jersey à la taille. Cette dernière me permettait aussi le confort souhaité. 

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Fronces et assemblage ! ( photo perso) 

Une fois ce travail fait, il a fallu couper , insérer et fixer les dites baleines ! J'ai alors découvert la pince et le scotch d'électricien pour les fixer ! Et en même temps la frayeur de déchirer par un mauvais mouvement ma jupe. J'ai réalisé tout cela au calme et reposée en prenant toutes les précautions nécéssaires. Enfin comme je suis une grande malade, j'ai terminé en ourlant la crinoline d'un biais satin en bas et à la taille. ( Pour ne pas voir la couture d'assemblage du jupon). A la main ! Ben oui tant qu'a faire ! Il n'y a que moi qui le sait, mais tant pis ! Le biais satin et cette finition m'apparaissaient limite indispensables ! 

J'ai accroché le "précieux" sur le portant et je ne l'ai plus touché jusqu'à l'essayage chez Claire puis la veille du jour J ! 

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In situ sur la route de l'Eglise avec mon mari devant la loi ! 

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En famille en sortant de l'Eglise... 

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Sur le chemin... pour toute la vie ! 

Ces deux dernières photos vous montrent pour l'une un aperçu de la robe de Clémentine et du gilet de Louis et pour l'autre le petit paletot que j'avais cousu. Je l'ai porté qu'à la sortie de l'Eglise et dans la soirée le jour J mais comme je l'avais prévu je l'ai bien des fois reporté après avec un jean et ma capeline. 

Il s'agit de la petite veste de Pauline Alice : Ninot. Un peu délicate à réaliser en raison de ses poches passepoilées et de la doublure dans la version que j'ai choisi, elle est tout de même très plaisante à faire et ses petits détails comme toujours avec Pauline me font fondre : col, poches, pli creux. Son gabarit court s'adaptait bien à la tenue et j'ai même pu la porter sur les épaules sans soucis. 

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Paletot Ninot de Paulice Alice, taille 38  

Velours de laine beige et doublure Bemberg des Coupons Saint Pierre 

Boutons en nacre coquillage de La Droguerie 

Photo de Fred à la sortie de l'Eglise avec mes collègues préférées ! 

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Vin d'honneur

Instant avec mon frérot qui m'a aussi enmmenée à L'Eglise...

Boléro réalisé à partir du haut d'un Vogue Mariage 

Superposition du reste de la soie sauvage du corset et dentelle de Calais 

On peut voir les manches du boléro que je portais sous ma capeline. Au départ j'avais prévue de la retirer, et finalement je l'ai portée toute la cérémonie et toute la soirée. Je l'ai " laissée tomber juste au vin d'honneur. Tant mieux car j'étais beaucoup moins à l'aise comme cela. Mon boléro glissait faute d'un système d'attache que je n'ai pas eu le temps de faire, et mon corset était un brin trop serré. Je regrette pas le moins du monde, la capeline faisant partie vraiment de mon envie initiale de tenue ! De plus j'en porte au quotidien, et c'était important pour moi, que ce jour bien qu'exeptionnel soit aussi le reflet de " la vraie vie". Il l'était aussi avec ma coiffure : une tresse sur le côté.  

Il me reste à vous parler de mes chérubins qui ont été absolument formidables toute la journée et toute la soirée. Egaux à eux même dans leurs attitudes, leurs bêtises et en même temps aussi émus et fiers que nous. Se marier en présence de ses enfants, c'est vraiment super chouette ! 

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Louis à la mairie avec Benjamin, son parrain et mon témoin 

Gilet sans manches , modèle de La Droguerie

Alpaga "Eléphant " et boutons métal bleus, LD

Il ne voulait au départ de ce gilet et je cite " mais maman un gilet sans manches, c'est pour l'été". Et puis quand je l'eu commencé un soir il m'a sorti " mais maman tu as pensé à la cravate pour aller avec le gilet? ". J'étais surprise. Il a enchainé " Ben oui, maman quand même je vais mettre une cravate pour votre mariage à papa et toi". Il était beau comme tout et fier comme Artaban de la mission" sonner la clochette" après chaque signature à la mairie. Merci mon petit Louis pour ton implication, ta sensibilité et ta présence. J'ai tricoté le dit gilet quelques jours avant le mariage, en mode marathon en relisant les mots du renard qui rappellent que l'essentiel est invisible pour les yeux. C'était doux ces jours de préparation aussi. 

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" Le petit Prince" au tricot

La poulette ne fut pas en reste... question spontanéité ! Elle a passé la matinée avec moi à l'hôtel à se préparer. Elle a pris un bain avec Claire, mon autre témoin fille, dans l'immense baignoire de la chambre avant de se faire coiffer. 

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 Clémentine

Elle a poursuivi en coloriant puis en mangeant des gâteaux avant d'enfiler sa jolie robe bleue assortie à ses yeux. Je l'ai commencée très tôt, c'est la première chose même que j'ai commencé pour le mariage mais...pour la finir la veille au soir assistée de Claire et ma maman ! (pose des boutons et ceinture)

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Robe Roma de Chez Dimanche rallongée, taille 6/8 ans 

 Coton satiné "Palette de couleurs" bleue canard et passepoil liberty pour la Droguerie

Jupon coton blanc, patron perso

Mais cela n'était rien à coté du petit gilet ! La veille au soir la dernière manche n'était pas finie ! C'est donc ma si talentueuse maman qui l'a finie en me demandant " il est où ton modéle de manches? " ... " j'en ai pas, je l'ai inventé... ". Je l'ai senti un brin déconcertée mais c'était vrai. Je suis partie d' " Artichaut" de Soleen-Le-Couix en rajoutant des manches donc. Reprendre un tricot sur le vif d'une gauchère, après avoir passé l'après-midi à me supporter, plier des grues en origami et entre deux bouchées de pizzas elle a vraiment assuré ! 

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Maman dans ma cuisine-salon-salle à manger, tricotant la veille de mon mariage

Quand je regarde cette photo... je vois toute une génération de femmes de ma famille, dans leur cuisine, leurs aiguilles à la main... et je suis très émue.

Merci Charlotte encore pour ton travail et ton talent à saisir les instants comme celui-là.

Le comble : Je l'ai monté le matin du mariage, en me disant que de toute façon c'était très bien parce que sinon j'aurai pas su quoi faire... :) ( C'est mon coté optimiste ! ) Elle l'a finalement peu porté le jour de la cérémonie ( juste à l'Eglise et le lendemain) mais elle pourra le porter l'an prochain sur ses slims sans souci.  

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Future mariée coiffée en action... téléphone avec ma Céline qui n'a pu venir et montage de tricot ! 

Modèle "Artichaut"

Alpaga Nuage et Voilette " Etoiles des neiges" pour LD

 

Je termine cet article fleuve par deux photos de mes petits bricolages...

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Badges réalisés en papier d'origami assortis et kraft pour les invités

Pinces bois pour les attaches 

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Grues bleues en Origami décorant les tables

Et je vais clore par cette photo et ce symbole signe de bonheur et de longévité, tout ce que l'on peut souhaiter à de jeunes mariés ! 

A bientôt pour les coutures "du quotidien",  

Charlotte 

 

6 avril 2015

Rendez-vous rétro

J'ai dû feuilleter ce Burda et spécialement les pages une ligne vintage sensuelle inspirée des années 40" peut-être une centaine de fois, voire plus ! En parallèle de mes romans de cette époque cela me donnait des idées de "mettre des étoffes et des croquis" sur mes personnages. 

Il faut dire que lorsque le dit Burda est sorti, soit il y a plus de 4 ans, j'en étais encore à coudre pour mes marmots qui pour l'un ne passait pas sa vie par terre à jouer " au train" et pour l'autre était un bébé. Pour ma part j'oscillais entre préparer des biberons, changer des couches, et fort heureusement très vite mon job au jardin botanique de Lyon. Je m'habillais le matin avec les vieilles frusques, restants de grossesse que je trouvais. Pas de quoi me lançer dans la confection d'un vêtement aux lignes si féminines.  Le Burda me faisait rêver dans mes longs trajets en tram ou en métro de l'époque, et c'était déjà pas si mal. Le temps a passé, mes enfants sont " grands" et j'ai perdu tous mes kilos de grossesse ( l'une ayant suivie l'autre... ) , jeté les vieilleries, appris à coudre des vêtements pour adulte. 

Après la confection des vêtements de mon mariage, il fut ma première envie pour retrouver la couture du quotidien. Replonger dans les petites rêveries rétros qui peuplent mes pensées et donner vie à l'une d'elle. Ce chemisier coincé entre mon étagère et mon cerveau n'attendait que ma machine à coudre pour sortir en " rendez-vous secret" comme dans le magazine ou dans ma vraie vie.

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Corsage 107 du Burda Janvier 2011 

taille 38

Coton marine à pois blanc du marché au tissu du Wacken 

Boutons nacre " marine petits pois" pour La Droguerie

 

Une coupe cintrée, un boutonnage sur lequel jouer selon les envies et des manches aux coudes se boutonnant... tout ce qui fait littéralement craquer dans la mode !

J'ai fureté dans tout mon bazar pour essayer de trouver un coupon qui ferait l'affaire. J'avais pas envie d'acheter du tissu, de mettre mon nez dehors. J'avais oublié ces petits pois blancs sur fond marine dénichés en avril dernier au marché du Wacken avec mes copines ! Oh, mais comme c'était chouette ! J'ai tout de suite imaginé ma petite obsession de longue date dedans, j'en sautillais d'avance ! 

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J'ai profité de mon dernier jour de convalescence "post grippe" ( une vraie grippe toute vilaine qui m'a clouée au lit pendant une semaine, ne pouvant même pas lire une ligne de mon bouquin... alors coudre ! )  pour décalquer le précieux et du we suivant pour le " couper" et l'assembler". 

Techniquement, il est un brin compliqué à réaliser mais drôlement intéréssant. Il faut s'appliquer dès le début avec les pinces apparentes sur l'endroit et le semi-pli creux dans le dos. Les surpiqures doivent être précises sinon, je pense que c'est vite vraiment vilain. Il y a quand même 8 pinces à faire !  Monter le corps du chemisier en fronçant l'empiècement est ensuite une "pause" dans l'assemblage. Cela recommence à se compliquer avec le col. Je l'ai monté une première fois complètement à l'envers... Il faut dire que je n'en avais jamais vu dans une forme pareille ! Bon, j'ai bien sûr tout défait, respiré un bon coup, puis enlevé tout mes petits fils, re-repasser les morceaux du col, connecté mon neurone à Burda et enfin monté le col dans le sens de la marche ! 

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Reste les fentes de manches et les  poignets pour la fin, pour nous rappeller que la satisfaction et le plaisir en couture ( tout du moins me concernant)  viennent du temps passé à être précise et minitieuse. 

Lorsque j'ai eu fini, j'étais heureuse et fière ! Mais il me manquait de jolis boutons... ! 

Ce fut aussi l'occasion de perdre du temps pour une chose très importante dans ma vie : prendre le temps de flâner entre les comptoirs en bois de la Droguerie. J'ai eu la chance de bosser dans cet endroit. Mais c'est encore plus délicieux maintenant de me laisser à chaque fois surprendre par l'odeur de la boutique, de mes laisser guider dans le choix des laines ou des boutons par les " copines-vendeuses". Celle qui m'a servie ce jour là m'a conseillé ces boutons en nacre marine à tout petits pois. Je n'y aurais jamais pensé toute seule ! Et le résultat me plait tellement ! C'est rétro et original ! 

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C'est pour tout cela, qu'acheter sur internet ça ne me plait pas. Certes il y aurait bien eu des nacres à petits pois mais je les aurais même pas vus, j'aurais pas papoté avec Véro, j'aurais pas senti l'odeur de la boutique, et surtout je ne serais pas ressortie de la boutique en ligne comme je suis ressortie ce jour là de La Droguerie : heureuse de ce moment partagé et filant avec mon petit sachet toute guillerette, en cette fin d'après-midi, vers la gare. 

J'ai admiré ces boutons dans la petite pochette transparente environ une semaine avant de trouver une soirée de libre pour les coudre. Mais ce week-end de Pâques pendant que l'Homme- mari ( qui s'est laissé aller aux commentaires habituels : " Ah, c'est joli mais c'est très " toi" !)  et les enfants se déléctaient devant "l'âge de glace" à la télé m'a offert une heure pour le faire au son de chansons tout aussi rétros que le dit chemisier.  ( @l'Homme-Mari : tant qu'à faire je couds des trucs qui me ressemblent plutôt que des slims dans lequels je ne passerai pas un orteil. ) 

Porté avec mon jean et des ballerines ou mes jupes taille haute, ces petits pois rétros me rendront heureuse c'est sûr,bien plus qu'une fin d'après-midi !  

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A bientôt, pour la suite de l'histoire du mariage ou d'autres moments couturo-tricotesques du quotidien ! 

Charlotte 

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20 mars 2015

Corsetée !

Réaliser un rêve, c'est magique. 

Et pourtant, chacun le sait comme c'est difficile à raconter les rêves. 

Ce n'est jamais pareil que dans le sommeil. 

Et pourtant, celui-ci je l'ai vécu toute éveillée... Un vrai conte de fée en plein milieu de ma vie. 

Je n'ai jamais bien réfléchi à comment ce serait quand je me marierai quand j'étais petite. A vrai dire, jusqu'à 25 ans, je faisais carrément mon " anti" dès que j'entendais parler de mariage. Je trainais les pieds pour chercher les tenues à porter lors de ces occasions lorsque j'étais ado, les mariages auxquels j'ai assisté ne m'ont pas spécialement mis des étoiles dans les yeux, et l'idée de l'engagement me donnait envie de fuir en courant à l'autre bout de la planète. 

Et puis à 25 ans, j'ai arrêté ma crise d'ado au moins concernant le mariage, je suis devenue maman aussi et par la même j'ai appronfondi ma pratique de la couture. 

Pendant des années j'ai cousu des sacs, des trousses puis des vêtements pour bébés. Et puis j'en ai eu marre, ou plutôt j'ai eu envie de progresser. J'ai commencé à me coudre mes vêtements à la suite de mon passage à la Droguerie. J'en tirais beaucoup de satisfaction, et surtout cela m'a permis de porter ce que je veux, à la bonne taille du premier coup, et de façon original ou du moins pas porté par " tout le monde" . Au fur et à mesure des 3 années qui viennent de passer, la mode fut très ouverte " au vintage" et aux patrons indépendants puisant l'inspiration dans le rétro. Tout pour me contenter en bonne adoration que je porte aux romans et autres films corsetés. En bonne adoration aussi que je porte aux chandails, robes et chemisiers sortis tout droit d'un livre de Régine Desforges. Les motifs à fleurs, les coupes près du corps, les coiffures, la féminité de ces années là m'ont toujours fascinée et me fascinent toujours autant d'ailleurs. 

C'est lors d'une petite virée annuelle à Paris que j'ai commencé à me lancer sur " LE" chemin. 

Suite aux recommandations d'une copine, j'ai décidé d'aller voir l'Expo " La mécanique des dessous". J'en suis ressortie enrichie et subjuguée. Je ne connaissais pas l'histoire du sous vêtement et je n'imaginais pas l'influence que cela pouvait ou peut avoir sur la silhouette. Couplé à mon coté nunucho-romantique j'ai commencé à mesurer le potentiel hautement technique de l'objet corset. 

Monter des manches, faire des fronces, décalquer un patron, c'est bien, mais j'avais envie de passer à autre chose, et cet autre chose il s'appellait CORSET. 

J'ai commencé alors à suivre le travail de Claire, puis à pinterester des tableaux autour du corset. 

En septembre dernier, un mois avant de décider de nous marier, j'ai sauté sur l'occasion de participer à un atelier toujours autour du corset. 

Je ne savais pas bien quelle serait la première occasion de m'en coudre un, mais une chose était certaine, j'allais m'en coudre un. 

Oui ça parait vraiment nunucho romantique mais quand finalement j'ai répondu " Quand? " à mon fiancé parfait du canapé lorsqu'il m'a demandé " Chérie, on se marie ! " " l'autre chose" est venu peupler non seulement mes nuits , mes rêves mais aussi mes projets. Me marier en corset ? Tu parles d'un rêve ! Est ce qu'il allait prendre corps et réalité? 

J'ai envoyé un mail à Claire et l'aventure a commencé pour de vrai. 

Lors du " premier rendez-vous" dans l'atelier de Claire, j'étais à la fois super excitée, impatiente et hyper intimidée. Claire a été, comme tout au long de l'accompagnement d'un soutien et d'une générosité exemplaires. 

Autour de mes croquis, nous avons alors choisi la " forme" du corset et  les étoffes de la " robe". 

 

croquis

 

 

Croquis réalisés sur le carnet du fond du sac tricot...

Pour le corset nous avons choisi, suite à l'atelier,à ma morphologie et mes envies un corset de forme "edwardienne". C'est une forme couvrant la poitrine et dont les hanches sont soulignées par des " goussets". Pour le tissu ce serait une soie sauvage ivoire, un tissu précieux mais brut à la fois dont ce dernier coté me faisait penser à L'Homme. 

A ce stade nous en sommes restés là concernant les étoffes et la forme que nous avions mis en parrallèle avec notre histoire, mes envies : des matières fluides , vaporeuses, l'hiver, la neige, les paillettes de la reine des neiges... 

La plus grosse étape de la réalisation était ce qui allait suivre :  le patronnage, la mise à mes mesures et la réalisation de toiles. 

J'avoue qu'à part pour m'amuser lors d'un sew-along, je n'avais jamais fait de toile et je trouvais cela alors saugrenue. J'avais une petite idée de la mise à mesure du patron, mais je ne pensais pas que dans la corseterie cela fut aussi technique. Je n'y serai bien sûr jamais arrivée seule. Et Claire a beaucoup travaillé pour m'aider et le rendre mien. J'ai appris lors de cette étape à me servir d'un perroquet ! J'en avais jamais touché un en vrai ! C'est fou, maintenant je ne peux plus m'en passer, et je me demande bien comment j'ai fait pendant tout ce temps pour traçer mes patrons à main levée. 

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Patronnage et mise aux mesures avec Claire Brandin avec l'objet de tous les fantasmes ! 

Ensuite, j'ai réalisé ma première toile. Moi qui maitrise plutot bien la couture, je me suis prise une " belle claque". Je ne me rendais absolument pas compte du travail que cela allait me demander et de la technique. Heureusement d'ailleurs que je n'avais pas ce sens de la mesure, sinon je pense que j'aurais eu vraiment peur et que jamais je ne me serais lancée. J'en ai bavé pour ces deux toiles, surtout pour la première. J'ai dû recommencer dix fois le montage du gousset tout ça pour arriver à premier résultat disons... pas terrible. 

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Décalquage ! IMG_1825

Découpage ! IMG_1827

Traçage des marges de couture 

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Réalisation de la première toile

J'ai ensuite compris que j'avais oublié de marquer un repère. Ces fameux petits traits dont parfois je me fiche éperdument dans Burda. Dans le prêt-à-porter cela n'a pas d'importance mais en lingerie, c'est primordial et absolument essentiel. 

Pour me donner du courage et parce que je n'avais que cela sous la main, la deuxième toile ( qui fut la bonne !) a été réalisé dans un merveilleux tissu bleu ciel avec des lapins. L'Homme s'est demandé si j'étais sérieuse mais a repris couleur humaine lorsque je lui ai expliqué que c'était " un brouillon". 

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Essayage de la deuxième toile " petits lapins"

J'ai vu le moment où Claire allait me demander de faire une troisième toile, heureusement les fêtes de Noël approchaient et une trève s'imposait pour ensuite repartir de plus belle. J'ai donc fait une pause de 15 jours dans la réalisation du corset, j'ai pris l'air iodé en amoureux et entre copains et j'ai dévoré un roman corseté " Adèle et moi". ( Je vous le conseille : c'est délicieux). 

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 Pause iodée à Noirmoutier et ouverture des huîtres !

Et passé ce petit intermède sur l'île de Noirmoutier il a fallu remonter en selle sur le corset pour la réalisation dans les " vrais" tissus ! Huhu comme m'a dit l'Homme quand je lui ai expliqué le rôle de Claire, corsetière dans mon projet." Ah oui en fait c'est une coach de corset ! Elle est là pour te dire " allez huhuhu le corset ! " Moui... presque.

En attendant, je faisais moins " huhu" et j'ai bien cru devenir chèvre pour de vrai avec ce coutil satiné et ces coutures rabattues !

Le corset est composé de " 3 couches". Un tissu d'extérieur en soie et goussets réhaussés de tulle pailleté, l'armature du corset en coutil satiné cousue en coutures rabattues dans lesquelles sont insérées les baleines, et une doublure en popeline de coton " toute simple". A chaque tissu, il a fallu épingler, traçer les marges de coutures adéquates, couper, assembler.  Cela peut paraître " easy" à lire mais à faire, cela l'est moins ! J'ai beaucoup appris. J'ai beaucoup progressé notamment en précision et marquage des tissus, dans la préparation avant la couture et dans les coutures des parties arrondies. 

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 Traçage sur la soie sauvage 

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Réalisation de l'armature en coutil satiné 

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Coutures rabattues 

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Soie sauvage et goussets en tulle pailleté

Une fois les 3 parties cousues, il a fallu les assembler, poser le busc ( partie en métal permettant l'ouverture et la fermeture du corset sur le devant) pour ensuite insérer les baleines. Cette étape fut réalisée dans l'antre de l'atelier de Claire, fin janvier. C'était tellement chouette d'être 3 filles, et de bosser " corset". 

Je suis ensuite partie quelques jours à Poitiers pour un séjour " entre filles" où nous avons cousu, bricolé, brunché, rigolé. J'ai profité de ce séjour pour clore les finitions : c'est à dire insérer les baleines préalablement limées et poser à la main les rubans bas et hauts de finitions. 

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 Pose du ruban haut 

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 Fin de pose du ruban haut 

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Insertion des baleines ! 

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Pose du ruban bas

Au retour de ce petit séjour faisant office " d'enterrement de vie de jeune fille" qui s'est déroulée au son du thé et des copines, il ne restait plus qu'à poser les oeillets, le lacet dos et faire l'essayage... ! Ouah, j'y étais presque, le rêve devenait réalité : je m'étais cousue un corset de princesse digne d'un conte de fée !

Je me suis mise en route pour " ma dernière séance". J'étais triste et nostalgique et en même temps super heureuse d'y être arrivée. Triste parce que c'était le dernier " cours" auprès de Claire, que je n'aurais plus ces petits rendez-vous hebdomadaires ou quasi, et puis aussi parce que c'était la fin de la réalisation. Mais j'étais impatiente de le porter !

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Pose des oeillets et du lacet

 

Après une heure à lutter avec une machine à oeillets puis une pince, une grande papoterie avec Claire et la pose du lacet, j'ai enfin pu le porter !

 

 

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Je suis tombée dans les bras de Claire, émue et heureuse. Et bien plus qu'une aventure de couture ou de mode, cet accompagnement fut une aventure humaine qui m'a permise de révéler une part de ma féminité au plus près de mon corps ! C'était fabuleux le corset !

A bientôt,

Charlotte.

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Hector et Célestine
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